Polémiques sur la viande L’élevage a aussi des atouts pour la société
Les instituts techniques spécialisés en production animale, l’Institut de l’élevage, l’Institut du porc et l’Institut technique de l’aviculture, corrigent « quelques erreurs factuelles ou interprétations erronées de résultats » contenues dans le rapport du think-tank Terra Nova « La viande au menu de la transition alimentaire », publié le 23 novembre dernier.
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Plusieurs approximations et idées reçues figurent dans ce rapport. Dans un communiqué, les instituts techniques fournissent leurs propres résultats sur différentes thématiques.
Consommation d’eau surévaluée
Le cercle de réflexion Terra Nova cite le chiffre de 13 000 litres d’eau pour produire 1 kg de viande de bœuf. Or, « en France, la quantité d’eau utilisée pour produire 1 kg de bœuf est de 60 litres, et de 7 litres d’eau par litre de lait. Ces niveaux sont obtenus en comptabilisant les prélèvements d’eau pour l’abreuvement des animaux, le nettoyage des matériels et équipements, l’irrigation… Il s’agit des quantités réelles d’eau consommées en élevage », expliquent les instituts.
Pour obtenir les 13 000 litres d’eau par kg de viande, Terra Nova a ajouté l’eau de pluie reçue par les prairies et surfaces cultivées, eau qui continuerait de tomber même en l’absence des animaux, aux quantités réelles précédemment calculées.
« Une vache boit entre 50 et 100 litres d’eau par jour, en fonction de la saison et de sa ration. Cela lui permet de produire en moyenne 30 litres de lait ou 1 kg de viande. Dans les élevages laitiers, s’ajoutent notamment les besoins pour le nettoyage de la salle de traite (25 à 30 litres par vache et par jour) », précise le communiqué.
L’alimentation humaine et animale pas toujours en concurrence
Terra Nova cite les chiffres de 10 calories végétales pour produire une calorie de viande de bœuf, 6 pour la viande de porc et 3,5 pour la volaille. « Ces chiffres ne tiennent pas compte du fait qu’une partie importante des aliments des animaux ne sont pas consommables par l’homme (prairies naturelles sur des terres non labourables, sous-produits de l’industrie agroalimentaire comme les sons, les drèches de brasserie, les pulpes de betterave, les tourteaux de colza…). »
En retirant ces aliments non consommés par l’homme, le ratio tombe à 1 kg de protéines végétales utilisables par l’homme, pour produire 1,2 kg de protéines laitières, et à 1 pour 1 pour le porc et la volaille.
Les instituts soulignent aussi que, selon le Réseau pour la sécurité et la qualité des denrées animales, le volume de coproduits généré par l’agroalimentaire français a progressé de 23 % sur la période de 2007 à 2016, soit 11 millions de tonnes de matière sèche. « Autant de ressources alimentaires, non utilisables par l’homme, que les animaux valorisent et qui seraient sinon des déchets à traiter ».
Des émissions de gaz atténuées par les prairies
L’élevage de ruminants est à l’origine de 10 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) en France. Mais environ 30 % de ces émissions sont compensées par le stockage de carbone dans les prairies (50 % pour les élevages herbagers et biologiques). Une optimisation des pratiques permettrait une réduction de 20 % des émissions de GES.
Des risques de cancer à contrebalancer par les apports nutritifs
L’OMS a classé la viande transformée (fumaison, salage, ajouts d’additifs…) dans la catégorie des substances cancérigènes, du fait des processus de transformation et des additifs utilisés, et du mode de cuisson pour la viande rouge. Mais les produits carnés fournissent aussi des nutriments indispensables. Ainsi, les viandes apportent des protéines, de la vitamine B12, du fer, du zinc… Les instituts mettent en avant « des repas équilibrés avec des produits lactés, des céréales, des fruits et des légumes ».
Emploi, biodiversité et autres atouts sociétaux
Enfin, les instituts rappellent l’importance de l’élevage en ce qui concerne les services rendus à la société : « 700 000 emplois dans les filières d’élevage en France, dont 310 000 équivalents-plein temps dans les élevages et 390 000 emplois induits dans les industries agroalimentaires, l’approvisionnement, l’accompagnement technique ».
L’élevage produit en outre d’importants services écosystémiques :
- La biodiversité avec 13 millions d’hectares de prairies (20 % du territoire national) et 700 000 km de haies ;
- Le piégeage de carbone avec 570 kg de carbone stocké par an et par hectare de prairies, et 6 000 élevages impliqués dans un plan de réduction de leur impact carbone ;
- La production d’énergie renouvelable avec 8 000 élevages producteurs d’énergie (solaire, méthanisation, petit éolien) ;
- L’entretien des paysages et des espaces pastoraux qui contribue à la lutte contre les incendies.
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